エマニュエル・ラコスト展
パレ・デ・パリでアーティスト・イン・レジデンスをおこなってきたエマニュエル・ラコストによる滞在制作展を開催します。展覧会初日には、作家によるパフォーマンスもおこなわれます。どうぞご高覧ください。
会場: パレ・デ・パリ(高崎市大橋町96-2)
観覧日時:2019/11/23 (土)、11/24(日) 14 :00-18 :00
パフォーマンス:11/23 (土) 18 :00 start
観 覧 費:無料
エマニュエル・ラコスト|Emmanuel Lacoste(フランス)
主催:パレ・デ・パリ|palais des paris
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刻むコトバ
~「エマニュエル・ラコスト展」によせて~
パレ・デ・パリのレジデンスをとおしてエマニュエル・ラコストが制作した作品は、フランスで彼がおこなった制作の延長上にあります。それは、黒い絵の具でおおった鏡に、心に浮かんだ言葉をそのまま刻みつけていくというものでした。言葉に削がれてあらわになった鏡面は、書きつける作家自身を映し返します。一方、完成した作品を前に、鑑賞者は、他者の親密な思考の断片を読み解こうとするかもしれませんが、そこには、鑑賞者自身の姿も映り込んでいるのです。
パレ・デ・パリの展覧会で、この実験をくりかえすことに意味はないでしょう。作家の言葉は、鑑賞者のそれとは異なるのですから。そこで、以前の作品とは違う、しかし同じくらいたわいない方法を考えました。それは、作家が思ったことを片仮名で転記するというものです。2つの結果が導かれました。ひとつは、鑑賞者が、作家の刻むテクストの意味はわからなくても、「読む」ことはできるということ。もうひとつは、思考する言葉とは異なる言語の文字で筆写するという、自然とはいえない手続きを経るために、心に浮かんだことをそのまま書きつづることはできなくなるということでした。
エマニュエル・ラコストがパレ・デ・パリでおこなったこの実験は、ルートヴィヒ・ヴィトゲンシュタイン著『哲学探究』の一節(第1部4節)を想起させます。(引用は藤本隆志訳)
「文字が音声のしるしとして用いられ、また強調のしるしとしても、句読のしるしとしても用いられているような文書を考えてみよ。(ある文書は、音構成を記述するための言語と解することができる。)そのとき、あるひとが、それぞれの文字には一つの音声が対応しているだけであって、それらの文字がそれ以外にまったく別の機能をもたないかのように、この文書を理解している、と考えてみよ。」
意思疎通の慣用をさまざまに捻じ曲げていくとき、どこまでが言語と言えるのでしょうか?23節では、ヴィトゲンシュタインのじつに柔軟なひとつの答えが提示されます。
「しかし、文章にはとのくらい種類があるのか。陳述文、疑問文、それに命令文といった種類だろうか。――そのような種類なら無数にある。すなわち、われわれが「記号」「語句」「文章」と呼んでいるものすべての問いかたには、無数の異なった種類がある。しかも、こうした多様さは、固定したものでも一遍に与えられるものでもなく、新しいタイプの言語、新しい言語ゲームが、いわば発生し、他のものがすたれ、忘れられていく、と言うことができよう。(…)「言語ゲーム」ということばは、ここでは、言語を話すということが、一つの活動ないし生活様式の一部であることを、はっきりさせるのでなくてはならない。」
エマニュエル・ラコストは、パレ・デ・パリのレジデンスをとおして、ある「言語ゲーム」をおこなったと言えるでしょう。書きつけられた文字は、彼の内面の親密な表現であるとともに、他者と共有しうる規則に準拠している、という両義性をもっています。他言語に照らせば明らかなこの両義性は、じつは自言語にも存在しています。いつもの習慣を少し抜け出したとき、例えば、鏡にコトバを刻み、映じた私たち自身がさらに内面に反射されるとき、それは、ふと、立ち現われてくるのです。
フレデリック・ヴェジェル、須藤佳子
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Exposition Emmanuel Lacoste
Nous avons le plaisir d’accueillir en résidence Emmanuel Lacoste au « Palais des paris ».
Une exposition aura lieu le samedi 23 et le dimanche 24 novembre 2019 de 14H00 à 18H00. Une performance d’Emmanuel Lacoste aura lieu le samedi 23 novembre 2019 à 18h00
Le « Palais des paris » se trouve à 200 mètres de la gare de Kita-Takasaki, à l'adresse 96-2 Ohashimachi, dans la ville de Takasaki au Japon.
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langage à gratter
La résidence d'Emmanuel Lacoste résonne avec une de ses anciennes œuvres que nous allons tâcher de décrire. Sur un miroir recouvert de peinture noire, l'artiste écrit des pensées lui venant spontanément à l'esprit. En grattant ces mots, le miroir lui révèle son propre reflet. Une fois l'œuvre terminée, le spectateur français la voyant peut alors tenter de déchiffrer des fragments d'intimités d'un autre, tout en se voyant lui-même au travers de ce miroir.
Reproduire la même démarche avec un texte en français n'a évidemment aucun sens dans le cadre d'une exposition au "Palais des paris", et la solution trouvée peut sembler tout aussi absurde. Emmanuel Lacoste écrit ses pensées en les transcrivant en abécédaire katakana. Deux effets adviennent par cette transposition phonétique. Tout d'abord les spectateurs japonais pourront ainsi lire le texte dans une sonorité quasi française, mais sans en saisir le sens. Ensuite, ce texte "en japonais" n'est plus du tout écrit spontanément puisque l'artiste doit suivre un protocole de transcription non intuitif.
Cette expérience d'Emmanuel Lacoste, nous fait penser à une proposition du début du livre Recherches philosophiques de Ludwig Wittgenstein.
Proposition 4 :
"Imagine une écriture dont les caractères serviraient à désigner non seulement des sons, mais aussi des accentuations et des ponctuations. (On peut concevoir l'écriture comme un langage servant à décrire des images sonores). Imagine maintenant que quelqu'un comprenne cette écriture comme si à chaque lettre correspondait simplement un son, et non comme si les lettres n'avaient pas aussi de tout autres fonctions. (...)"
Avec une si grande distorsion des habitudes de communication, nous pouvons nous demander jusqu'où s'agit-il d'un langage ? A la proposition 23, Ludwig Wittgenstein nous apporte une réponse très élastique.
Proposition 23 :
"Mais combien existe-t-il de catégories de phrases ? L'assertion, l'interrogation et l'ordre peut-être ? - Il y en a d'innombrables, il y a d'innombrables catégories d'emplois différents de ce que nous nommons "signes", "mot", "phrases". Et cette diversité n'est rien de fixe, rien de donné une fois pour toutes. Au contraire, de nouveaux types de langage, de nouveaux jeux de langage pourrions-nous dire, voient le jour, tandis que d'autres vieillissent et tombent dans l'oubli. (...) L'expression "jeu de langage" doit ici faire ressortir que parler un langage fait partie d'une activité, ou d'une forme de vie. (...)"
Nous pouvons ainsi dire que par sa résidence au "Palais des paris", Emmanuel Lacoste pratique un "jeu de langage" étonnant. Il explore une ambiguïté de l'écriture, celle d'être à la fois l'expression d'une intériorité, et d'être pourtant encadrée par un certain nombre de règles partageables qui ne sont en rien intimes. Évidemment ce paradoxe est visible quand il s'agit des normes d'écriture d'un autre pays, mais il réside déjà dans sa propre langue et émerge dès que nous sortons légèrement des habitudes, par exemple que nous commençons à gratter un miroir de texte pour nous y réfléchir.
(texte de Frédéric Weigel et Yoshiko Suto)