FLEURYFONTAINE
FLEURYFONTAINE
フランスのひきこもり
パリ在住の2人組アーティスト、フルリー・フォンテーヌによるインスタレーション、そしてアーティストトークの模様をアップします。
会場: パレ・デ・パリ(高崎市大橋町96-2)
2019/3/3
フルリー・フォンテーヌ|fleuryfontaine(フランス)
主催:パレ・デ・パリ|palais des paris
助成:ル・フレノア国立現代芸術スタジオ Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains
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開催にあたって
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FLEURYFONTAINE
Nous avons eu le plaisir d’accueillir la résidence de fleuryfontaine au « palais des paris ». Cette résidence a été produite en partenariat avec « Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains ».
Nous avons proposé une ouverture-exposition le dimanche 3 mars 2019 avec une discussion sur le processus de construction de ce travail.
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Avec l'intervention du duo fleuryfontaine au « palais des paris » nous inaugurons un nouveau format de résidence nommé « stop-motion ». Habituellement, un artiste occidental intervenant dans notre contexte spécifique, tente de porter un regard extérieur sur un phénomène tout en essayant de s'adapter au cadre culturel des spectateurs récepteurs, aux potentialités, mais aussi aux limites de la langue japonaise. D'une part, l’importation de la catégorie d'art est relativement récente au Japon et est constitutive de la construction d'un état nation moderne. D'autre part, de nombreux malentendus et projections mutuelles ont constitué des représentations bigarrées sur ces cultures éloignées. Avec ces fortes contraintes, le travail de l'artiste en résidence était alors d'éviter les stéréotypes malheureux et de proposer un résultat cohérent et finalisé que l'on appelle couramment une exposition. Avec ce format de résidence « stop-motion », notre souhait est de stopper le mouvement de la résidence avant d'arriver à un résultat stabilisé, d'interroger l'illusion de l’œuvre achevée et d'en extraire les mécanismes.
La résidence du duo fleuryfontaire est le moment d'une construction, ce qui n'est pas encore une œuvre reste ouvert au questionnement, au doute, à la discussion... Elle n'est ainsi qu'un pivot, qu'une confrontation parmi tant d'autres, qu'une entreprise qui a démarré préalablement et qui continuera bien après leur séjour à Takasaki. Travaillant actuellement dans le cadre du Fresnoy, qui permet à des artistes de structurer un projet complet d'envergure dans le domaine de l'art numérique, ils ont choisi de se confronter durant un mois au contexte japonais afin de questionner la thématique de leur projet.
Certains mots naissent au hasard d'un contexte spécifique, décrivent un phénomène sans pourtant le définir, voyagent à travers la planète et acquièrent une reconnaissance internationale. C'est le cas du mot Hikikomori. À ses débuts, il a été utilisé pour décrire un phénomène identifié sans pour autant délimiter une pathologie précise, puis quelques faits divers l'ont mis sur le devant de la scène médiatique au Japon, ce mot a fini par voyager à travers les continents et à prendre certaines particularités au contact d'autres cultures, elles-mêmes l'augmentant de leurs propres fantasmes.
De nombreuses personnes supposent que la culture japonaise est tellement spécifique qu'elle ne pourrait trouver de rayonnement à l'extérieur. Cette fameuse originalité n'étant en réalité ni plus ni moins spécifique que n'importe quelle autre culture, les notions construites ici et là peuvent trouver une seconde vie par leurs diffusions au travers d'images ou de traductions plus ou moins libres. Dans le cas de l'hikikomori et de son acceptation dans un pays comme la France, l'on peut remarquer que le poids de la honte social propre à la société japonaise y est parfois remplacé par l'impératif d'une lutte contre les errements de la société contemporaine. L'Hikikomori y devient alors le dernier bastion moderne de l’opposition, la dernière possibilité d'une révolution au moyen de la sphère intime.
Le duo fleuryfontaine s'intéresse à ce contenant polysémique qu'est le mot d'hikikomori. Plutôt qu'une définition abstraite, il tente de représenter cette chambre qui pose la limite entre le monde intime de l'hikikomori et le monde social de l'extérieur. Par la construction d'un moteur de jeu vidéo connectant une suite de chambres isolées, le duo d'artiste tente de suivre ce long processus d'une reconnaissance, dans ce moment précis où les sociétés sont trop lourdes. Le passage au Japon et plus précisément au « palais des paris » leur permet de saisir un peu mieux, si ce n'est le processus mystérieux de l'affirmation des individus isolés, au moins le rôle des cadres sociaux produisant des pressions spécifiques.
L'ouverture du dimanche 3 mars 2019 au « palais des paris » sera un moment privilégié pour découvrir une installation de ce travail, et aussi pour participer à une discussion sympathique présentant cette œuvre en cours de développement. Nous y évoquerons la manière inattendue dont les hikikomoris français se réclament du Japon.
(texte de Frédéric Weigel et Yoshiko Suto)