Magic Numbers

 

Une exposition organisée par Artistes en résidence et Pierre Labat.

Curateurs : Martial Déflacieux / Pierre Labat

avec
Camila Oliveira Fairclough, Clément Murin, Hugo Livet, Hervé Bréhier, Johanna Fournier, Marie Lancelin, Marion Robin, Minoru Morikawa, Rémy Brière, Sébastien Maloberti, Thomas Merret, Vincent Carlier.

 

le samedi 24 mai et le dimanche 25 mai 2014.

 

Le projet «Artistes en résidences» est réalisé en partenariat avec la communauté d’agglomération de Clermont-Ferrand et avec le soutien de la DRAC Auvergne, de la Région Auvergne, du conseil général du Puy de Dôme, de la Ville de Clermont-Ferrand et de l’E.S.A.C.M.
L'exposition Magic number au palais des paris est sous le parrainage de l’Ambassade de France / Institut français du Japon.

 





 

 

Magic Numbers est le nom d’une exposition qui s'est tenue en mai 2014 au Japon, dans la Préfecture de Gunma. Elle est accueillie par Frédéric Weigel, au sein du palais des paris. Dans le cadre du programme d’Artistes en résidence à Clermont Ferrand et d’un échange culturel entre la France et le Japon, Martial Déflacieux et Pierre Labat ont proposé à douze artistes vivant en France et au Japon d’exposer leur nombre magique.

Description de l’exposition :

L’exposition s'est tenue au 2ème étage du bâtiment du palais des paris (ancienne «Gunma english school»). Dans une unique salle, Pierre Labat et Martial Déflacieux ont installé sur tous les espaces possibles le nombre que chaque artiste leur a fourni. La police, le corps, la couleur des nombres étaient les mêmes pour tous (helvetica, 340 points, noir 100 %, en adhésif). La seule différence entre chaque nombre était son rapport au lieu, son endroit d’accrochage, et sa signification. Dans la salle sera à la disposition du public ce plan, expliquant le choix de chaque artiste (pourquoi ce nombre compte pour lui, pourquoi il a décidé de nous le donner à lire). L’organisation de ce projet ne permettant pas de financer la venue et le séjour des douze artistes, Pierre Labat et Martial Déflacieux ont été les représentants du travail et de la pratique des artistes.

Protocole de l’exposition :

Martial Déflacieux et Pierre Labat ont invité par l’envoi d’un document douze artistes, à qui ils ont demandé, s’ils acceptaient, de faire parvenir un nombre, de un à vingt quatre chiffres. Ce nombre peut être une somme, une heure, une date ou même une température ou une coordonnée. Et étaient acceptées aussi les ponctuations suivantes : . , ; : ... ( ) – ’ / ’’ .
L’artiste s’engageait à indiquer aux organisateurs l’origine de ce nombre et son importance pour elle ou lui.

Propos sur l’idée de nombre :
Le monde est de nos jours très numérique. Si le nombre peut être une clé (code bancaire, heure de rendez vous, adresse postale, ...) il est aussi une identité ou une identification (l’aîné, le benjamin, le cadet, le premier, le deuxième ou le second, la plaque d’immatriculation, le numéro de série, le  numéro de sécurité sociale, ...). Certains sont d’étranges mémoires («je ne suis pas un numéro») ou représentent une réalité historique et non conceptuelle (le 38ème parallèle). Si certains aspects du nombre sont proches d’une certaine mystique (suite de Fibonacci, nombre d’or, carré magique, géomancie ...), il est surtout exactitude et indétermination (524 n’est pas 28 ni 6773, mais ne dit pas 524 quoi, et 1491 n’est rien à côté de 1492).

 

Propos sur l’exposition de nombres :
Ce projet se situe dans la suite des recherches et réalisations d’artistes contemporains travaillant sur le nombre et les mathématiques ; nous pensons ici à Roman Opalka, Mel Bochner ou On Kawara. Il fait aussi suite à la rencontre de Martial Déflacieux avec une oeuvre de Pierre Labat, présentée à l’artothèque de Pessac en 2013, «La somme de toutes les images». Si le principe peut apparaître aussi aride qu’apparaissent les sciences de prime abord, il permet de mettre plusieurs choses à plat. En effet, le nombre ne souffre pas ou très peu de la traduction, et n’a presque pas de limites. Le regard porté ne sera pas tant dans ce qui est dénombré que dans le rapport que fera chaque artiste entre l’abstraction du nombre et sa capacité certaine à en faire émerger sens et intuition. 

 

















 

 

 

Marie Lancelin
0(....................)1

Compris entre 0 et 1.
Difficile d’évaluer avec certitude, ce qui va se passer ici et maintenant. Il ne serait qu’apparence de vérité ou vraisemblance d’une idée. Il envisage plutôt l’imprévisible, l’aléatoire, le hasard et une infinité de variables.

 


Camila Oliveira Fairclough
00:00

0
Imagine
Oui un café, volontiers. Merci

Aucun chiffre ne se présente
Pourquoi écrire ?
Tourne la poignée, voilà l’autre
coté

Parole secrète
Code, caché dans ton nombril
Jette tout là dedans
Par un trou lumineux la fumée
est sortie

Aucun goût dans la bouche

Un chiffre souvent à coté de lui
pour appuyer son corps
On va ouvrir une bouteille
Nous avons soif, soustraction

Encore de la chair autour de
l’os...
Blanc. Retard cyclique
Percer derrière, contre ou avec

Les bords doux
Seul le zéro ne compte pas
Une forme vide, image captée
Alaska

Midi Minuit en miroir
Une chaise contre le mur
Tracé penché en pointillé

Voyons cela
Une demi-courbe

La couleur dit « rentrer »
Des idées (non) de rien

Réécrit sans ponctuation
Imiter un rond
Imite-toi ceci
Imite un mot
Donne-moi une impression
Avant ou après
Autour

Quelque chose pour aller
Dans la bouche d’un visage
toujours asymétrique
Au moins
Toujours une image

Ferme les yeux empile des ronds
Un
Ici deux
Trois là

Mais loin (répéter)


Plus ou moins une seconde
Déplacée dans le temps
Mots dans le dos
Dans n’importe quelle langue

Tu ne sais pas quand, détourné
Tu ne vois pas n’écoute pas

Je suis ici
Tu n’es plus là (depuis une
heure)

Un point s’approche
Suivant
Sans retenir ce qu’il est

Diviser deux fois sans oublier
personne


Ne calcule pas
Nommer (jour et nuit)

00:00

 


Clément Murin
35

C’est le nombre de pliages nécessaires avec cette feuille pour couvrir la distance de chez moi (59 boulevard Lafayette, 63000 Clermont-Ferrand, France) au lieu d’exposition (96-2, Ôhashi Takasaki 370-0803, Japon). Le calcul provient de la démonstration mathématique prouvant qu’en pliant une feuille de 0,1mm sur elle-même 42 fois, l’épaisseur de celle-ci couvrirait la distance Terre-Lune. La distance qui nous sépare est d’environ 9 897km en ligne droite.
Je suis donc présent par ce nombre dans cette exposition, mais on peut également admettre que je suis aussi près de vous que vous l’êtes de ce nombre.

 


Hugo Livet
1/1000000


La loi de Littlewood (mathématicien anglais), stipule qu’une personne peut s’attendre à vivre environ un « miracle » par mois. Il définit un miracle comme un événement exceptionnel d’une importance particulière survenant à une fréquence de un sur un million. Il suppose que pendant les heures où une personne est éveillée et alerte, elle voit ou entend un « événement » par seconde, soit environ un million d’événements en un mois. Cette loi est liée à la loi des très grands nombres, selon laquelle si on a une marge d’échantillonnage assez grande, on peut s’attendre à ce qu’un événement extra-ordinaire se produise. J’ai choisi ce nombre (magique) car si suffisamment de personnes visitent l’exposition, il y a des chances qu’un miracle y ait lieu.

 


Hervé Bréhier
(           8                  )

 

(

saturé                                
                              silence

)

 

 

Johanna Fournier
6.67


Avez-vous fait votre choix ?
Depuis longtemps, banal problème, j’hésite.
Alors j’ai mis au point un processus relativement arbitraire, je compte, je soustrais, je multiplie, j’inverse et retiens. Au travers de toutes ces opérations je cherche toujours le même nombre. Face à une trop grande hésitation, cela permet tout simplement d’avancer.
Parfois je le croise de manière fortuite et en fonction du moment cela influencera la suite. Aujourd’hui il y a les combinaisons confortables et de fait également les ennemis.
Plutôt que porte-bonheur je préfère le considérer comme un gardefou.

 


Thomas Merret
6500

« c) Quelle est la couleur réelle du ciel ? Ou du soleil, ou de la lune ? Ou d’un caméléon ? Nous disons que le soleil au couchant a parfois l’air rouge. Or, quelle couleur a-t-il réellement ? (Quelles sont les « conditions d’un éclairage normal » pour le soleil?) »1/.

6500 est la valeur déterminant la température de couleur de l’éclairage présent dans l’espace d’exposition. Cette échelle est exprimée en Kelvin et varie d’un rouge vif à un bleu profond; l’oeil humain ne sachant pas distinguer les composantes des lumières qu’il perçoit, l’appréciation que l’on a de notre environnement (ici l’espace d’exposition) y est changeante et imprécise.

1/ J.L.Austin, Le langage de la perception, Vrin, 2007, p.151-152.

 

 

Marion Robin
033

033. Code couleur de la peinture utilisée sur les murs du palais des paris à Gunma.
Le projet se dessine au contact du lieu : écrire le blanc du mur en noir, comme une décalcomanie en forme de portrait.

 

 

Minoru Morikawa
1990

J’avais l’habitude de m’appeler « Minoru » jusqu’à mon entrée en école primaire. Tout le monde se moquait de moi et disait que c’était étrange. Donc « Minoru » a décidé de me nommer d’office « Boku ». En japonais, nous avons plein de mots pour « je ». Tout le monde en choisi un naturellement mais « Minoru » ne pouvait pas. Je n’ai toujours pas trouvé mon « je », même après un quart de siècle. D’abord, j’ai senti que le moi n’existerait jamais et j’étais juste vide. Cependant, j’ai reconsidéré que « Minoru » avait trouvé inconsciemment mais sûrement le moi qui ne serait ni « Boku » ni « Ore »; et je me rappelle des fois de « Minoru » ces derniers temps.

 


Rémy Brière
1946

Ruth Benedict, anthropologue américaine, publia en 1946 un célèbre essai sur la jeunesse japonaise d’après guerre intitulé Le chrysanthème et le sabre. Bien que le recueil joua un rôlevpolitique important auprès du président Roosevelt, la particularité de l’étude fut qu’elle a été réalisée à distance à travers le témoignage de soldats américains.
Le parallèle entre une étude sociologique menée à distance, par le prisme subjectif du témoignage me paraît pertinent quant à l’invitation faite aux artistes, de l’exposition à distance et de son protocole.

 


Sébastien Maloberti
70″

En 1980, Robert Smith écrit « Seventy seconds », Haïku symétrique qui clôt l’album éponyme.
Le titre évoque un affranchissement possible du cadre, une extension du format.
Mais au sein du groupe « The Cure », la fièvre monte. Pour le futur ex-batteur Lol Tolhurst, ces 70 secondes (soit une minute dix) sonnent comme un 32 mars... Son esprit new-wave, calibré en 4/4, ne peut admettre le dépassement de la mesure.
Sous la menace de son départ et pour ne pas se couper de sa base (rythmique), Robert Smith accepte à contrecoeur une correction orthographique qui retranchera 53 secondes au titre (qui en compte pourtant, aujourd’hui encore et pour l’éternité 241), et redéfinira les limites de la collaboration artistique au sein du groupe.
Pour l’Histoire, « Seventy seconds » devenait « Seventeen seconds ».
Quant au bassiste Simon Gallup, interrogé quelques années plus tard sur cet épisode, il aura cette réponse énigmatique : « Fuck ‘em all ! Truth is a single-seat race car... ».

 


Vincent Carlier
-36.338041°/ -40.998121°

Antipodal Landscape (The China Syndrome)
Ce nombre correspond aux coordonnées géographiques du point antipodal de l’endroit précis où vous vous trouvez, ici, au palais des paris. L’antipode du palais des paris correspond au lieu qui lui est diamétralement opposé, de l’autre côté de la sphère terrestre. Cet espace se situe à environ 19 500 km de distance ce qui rendrait un déplacement sans escale jusque là bas impossible. Un long voyage serait nécessaire pour se rendre à cet endroit précis, de l’autre côté de la terre.

 

 le catalogue / plan de l'exposition
(pour toute impression ou utilisation, veuillez nous contacter)

 

Sites internet:


Curation:
Artistes En Résidence: www.artistesenresidence.fr
Pierre Labat: http://pierrelabat.net/

Artistes:
Marie Lancelin: http://wwwmlancelin.blogspot.fr/

Camila Oliveira Fairclough: http://www.camila-oliveira-fairclough.info/
Clément Murin: http://clementmurin.com/
Hugo Livet: http://www.hugolivet.com/
Hervé Bréhier: http://www.hervebrehier.net/
Johanna Fournier: http://www.johannafournier.net/
Thomas Merret: http://www.thomasmerret.com/
Marion Robin: http://www.marionrobin.fr/
Minoru Morikawa: http://minorumorikawa.com/
Rémy Brière: http://www.remybriere.com/
Sébastien Maloberti: http://www.sebastienmaloberti.fr/
Vincent Carlier: http://vincentcarlier.fr/

 

palais des paris